27 octobre 2021
écrit par Robyn Chien
Pour cet article, je fais un retour sous forme de note de différentes réflexions, suite au festival (In)justice du collectif Fracas qui s’est tenue du 21 au 24 octobre 2021 à la mutinerie.
Comme souvent dans mon parcours mon intérêt s’accroche sur une notion qui m’ouvre de nouvelles perspectives. C’est comme si j’enfilais des lunettes qui me permettent de tout relire à travers le prisme de cet intérêt.
Mon précédent centre d’intérêt était celui de la pornographie. Depuis quelque mois, mon intérêt est concentré par les questions de gestion de conflit, de justice, et comment aller au-delà de deux points de vue a priori incompatible. Comment ouvrir le champ des possibles lorsque la pensée semble coincée entre deux visions.
I-Définitions :
Accountability
Traduction possible : redevabilité ou responsabilité.
Cependant, pendant l’atelier “Présenter ses excuses” au festival (in)justice du collectif Fracas, on commence par ouvrir collectivement les définitions de ce terme :
-rendre compte
-être prêt à répondre de ses actes
-processus de responsabilisation
-culture/ambiance d’accountability
-maintien de la communauté
Comme l’explique Sarah Schulman dans “Le conflit n’est pas une agression” l’agression peut arriver suite à un conflit. L’idée est donc de construire une ambiance, une culture propice au conflit qui ne déborde pas vers l’agression. Un contexte où peuvent s’échanger des opinions divergentes, opposées, sans que cela se transforme en agression. Un cadre dans lequel la penser peut se mettre en action.
Conflit VS agression
Quelle est la différence entre un conflit et une agression ?
Selon le dictionnaire :
-Conflit : Choc, heurt se produisant lorsque des éléments, des forces antagonistes entrent en contact et cherchent à s’évincer réciproquement.
-Agression :Action d’attaquer une personne ou un groupe de personnes de façon soudaine et brutale, et sans avoir été provoqué.
Selon ma définition et compréhension actuelle :
-le conflit est une situation de désaccord où les parties parlent dans un rapport de force équivalent.
-l’agression est unilatérale. Il y a un auteurice et une victime. L’auteurice est dominant.e dans le rapport de force, l’une a un pouvoir sur l’autre.
C’est-à-dire, qu’une même action ou violence peut être agression ou conflit. La différence est fonction du rapport de force et non des gestes.
Pour faire la différence, il est important de prendre du recul sur les situations pour comprendre les rapports de force (classe, genre, race, etc). Encore, Sarah Schulman dans “Le Conflit n’est pas une agression” invite à poser la question “êtes-vous en danger, ou vous sentez-vous plutôt mal à l’aise, en colère ou blessé ?” Puis : “De quoi avez-vous peur ?”
Lors qu’il y a escalade de la violence entre plusieurs parties, il devient de plus en plus compliquer de comprendre la situation. Dans ces situations, il est important de stopper le processus pour pouvoir libérer de l’espace pour agir avec du recul. Durant le festival, une intervenante représentante de Pivoine un organisme de formation évoque “l’entrainement mental”. “L’Entraînement Mental est une méthode, une manière d’organiser sa pensée, que nous héritons des mouvements de l’éducation populaire.” Ça me rend curieuse d’en faire une formation.
Gaslighting
Définition bonus
“Le gaslighting est une forme d’abus psychologique qui consiste à dénier les perceptions, souvenirs, émotions… d’une personne, ce qui sape sa confiance en elle et en sa vision du réel. Ce n’est pas forcément fait consciemment.” Cette définition vient du texte “Quelle culture féministe voulons-nous ? Pour un nouveau Code féministe” de Leila.
2-Réflexions
La différence entre récit et version :
Lorsqu’on est dans le cas d’un conflit, une intervenante, Leila, invite à privilégié le mot “récit” à celui de “version”. La version sous-entend l’idée qu’il n’y en a qu’une de bonne, et qu’il faut la trouver. Le récit laisse la possibilité qu’il cohabite avec d’autre à propos d’une même histoire. D’ailleurs à propos d’un scénario on dit que : “l’histoire est la suite ordonnée dans le temps (c’est-à-dire chronologique) de faits se rapportant à un même propos. Alors que le récit est la manière dont on raconte l’histoire. C’est-à-dire l’ordre arbitraire et spécifique dont on va rapporter les fait d’une même histoire.” (sources : “Savoir optimiser un scénario” de Richard Sidi)
La différence entre soutenir et cautionner :
La même intervenante, insiste sur la différence entre soutenir et cautionner. Soutenir les membres de la communauté est un acte d’accountabilité. C’est une prise de responsabilité collective d’une situation problématique. Une personne qui décide d’accompagner un.e agresseur·ses ne cautionne pas pour autant ses actes. Prendre en charge cet accompagnement est essentiel, notamment, lorsque le conflit est intracommunautaire. Gwenola Ricordeau dans “Pour Elles toutes, femmes contre la prison”, montre que les soutient de personne incarcérer sont en grande majorité des femmes. Dans tous les cas, le rôle se soutient est en grande majorité assurer par les femmes, dans les cas de conflit ou d’agression. Il est important de penser cette position autrement que comme de la complicité.
Les contours de la communauté :
Je précise avant ce chapitre, qu’il n’est pas évident pour moi d’affirmer que j’ai ma place au sein de la communauté dite Queer. Cela peut orienter mes réflexions, c’est à prendre en compte.
Si la communauté d’appartenance se fait sur des critères d’identités, sa solidité dépend de la stabilité des identités de ses membres. Or le féminisme comprend dans ses luttes celle contre l’essentialisation. La communauté doit donc pouvoir accueillir l’indéfinition ou la mouvance des identités.
Si la communauté d’appartenance se fait sur des valeurs, elle risque de devenir morale. Dans ce cas, que faire des personnes qui sont en dehors de nos valeurs, voir du côté du mal. Que faire des agresseur·ses? Mais aussi que faire des pensées qui sont à la frontière de ce qui est accepté ? Doit-on arrêter de traiter comme humain ce qui est au-delà de cette frontière ? Et où se situe cette frontière ? Quel sont les effets de la polarisation morale ?
Pour finir ce paragraphe, une citation, toujours de Leila, je crois :
“Faire des violeurs des monstres, n’est pas cohérent avec le fait que l’on démontre que le viol est généralisé”
3-Ce que ça m'ouvre sur mon travail
Au fur et à mesure du week-end (in)justice, d’atelier, de conférences et autres formations, mon attention se porte sur l’importance de la représentation des situations de conflit. Les positions de principes et autres recettes à appliquer dans telle ou telle situation ne fonctionnent pas. Les situations problématiques sont complexes. Pour prendre de bonnes décisions, nous avons besoin de prendre de la distance. Les intervenant·es nous invitent à trouver des outils qui permettent de mieux se représenter ces situations: multiplication des récits, cartes mentales, inviter une personne tier, cercles restauratifs, etc.
Les premières phrases de mon statement sont :“Je me mets au travail lorsqu’un sentiment intime d’injustice se met sur mon passage. Quand la situation est trop inextricable l’art, la fiction et la magie me permettent de changer la donne.” Le film, le fait de rejouer des conflits réels ou théoriques me semble être des outils de représentation intéressants. De plus, la fiction ouvre le champ des possibles, elle multiplie les issues des conflits.
Je me mets à imaginer, quelle serai l’issue d’un film dont un personnage défendant une position pro-sexe et un autre une position swerf (Sex Worker Exclusionary Radical Feminist), ils ou elles se rencontrent et parlent ? Que se passerait-il si un.e acteurices défendant une position pro-sexe incarne un personnage Swerf ou l’inverse ? Que donnerait un cercle restauratif fictif avec de tels personnages ? Affaire à suivre.
Je cherche une résidence pour poursuivre ces réflexions et formes. :)
Sources :
-Collectif Fracas https://www.facebook.com/Collectif-Fracas-107675124133856
-Quelle culture féministe voulons-nous ? Pour un nouveau Code féministe - Leila
https://medium.com/@leilla/quelle-culture-f%C3%A9ministe-voulons-nous-102141a63830
-Accounting for ourselves https://infokiosques.net/spip.php?article1545#:~:text=Sortir%20de%20l'impasse%20autour,des%20processus%20pour%20que%20chacun.
-Le conflit n’est pas une agression - Sarah Shulman
-Pour elles toutes - Gwenola Ricordeau
-https://www.abolirlapolice.org/AllerPlusLoin/allerPlusLoin
-Savoir optimiser un scénario - Richard Sidi
27 octobre 2021
écrit par Robyn Chien
Pour cet article, je fais un retour sous forme de note de différentes réflexions, suite au festival (In)justice du collectif Fracas qui s’est tenue du 21 au 24 octobre 2021 à la mutinerie.
Comme souvent dans mon parcours mon intérêt s’accroche sur une notion qui m’ouvre de nouvelles perspectives. C’est comme si j’enfilais des lunettes qui me permettent de tout relire à travers le prisme de cet intérêt.
Mon précédent centre d’intérêt était celui de la pornographie. Depuis quelque mois, mon intérêt est concentré par les questions de gestion de conflit, de justice, et comment aller au-delà de deux points de vue a priori incompatible. Comment ouvrir le champ des possibles lorsque la pensée semble coincée entre deux visions.
I-Définitions :
Accountability
Traduction possible : redevabilité ou responsabilité.
Cependant, pendant l’atelier “Présenter ses excuses” au festival (in)justice du collectif Fracas, on commence par ouvrir collectivement les définitions de ce terme :
-rendre compte
-être prêt à répondre de ses actes
-processus de responsabilisation
-culture/ambiance d’accountability
-maintien de la communauté
Comme l’explique Sarah Schulman dans “Le conflit n’est pas une agression” l’agression peut arriver suite à un conflit. L’idée est donc de construire une ambiance, une culture propice au conflit qui ne déborde pas vers l’agression. Un contexte où peuvent s’échanger des opinions divergentes, opposées, sans que cela se transforme en agression. Un cadre dans lequel la penser peut se mettre en action.
Conflit VS agression
Quelle est la différence entre un conflit et une agression ?
Selon le dictionnaire :
-Conflit : Choc, heurt se produisant lorsque des éléments, des forces antagonistes entrent en contact et cherchent à s’évincer réciproquement.
-Agression :Action d’attaquer une personne ou un groupe de personnes de façon soudaine et brutale, et sans avoir été provoqué.
Selon ma définition et compréhension actuelle :
-le conflit est une situation de désaccord où les parties parlent dans un rapport de force équivalent.
-l’agression est unilatérale. Il y a un auteurice et une victime. L’auteurice est dominant.e dans le rapport de force, l’une a un pouvoir sur l’autre.
C’est-à-dire, qu’une même action ou violence peut être agression ou conflit. La différence est fonction du rapport de force et non des gestes.
Pour faire la différence, il est important de prendre du recul sur les situations pour comprendre les rapports de force (classe, genre, race, etc). Encore, Sarah Schulman dans “Le Conflit n’est pas une agression” invite à poser la question “êtes-vous en danger, ou vous sentez-vous plutôt mal à l’aise, en colère ou blessé ?” Puis : “De quoi avez-vous peur ?”
Lors qu’il y a escalade de la violence entre plusieurs parties, il devient de plus en plus compliquer de comprendre la situation. Dans ces situations, il est important de stopper le processus pour pouvoir libérer de l’espace pour agir avec du recul. Durant le festival, une intervenante représentante de Pivoine un organisme de formation évoque “l’entrainement mental”. “L’Entraînement Mental est une méthode, une manière d’organiser sa pensée, que nous héritons des mouvements de l’éducation populaire.” Ça me rend curieuse d’en faire une formation.
Gaslighting
Définition bonus
“Le gaslighting est une forme d’abus psychologique qui consiste à dénier les perceptions, souvenirs, émotions… d’une personne, ce qui sape sa confiance en elle et en sa vision du réel. Ce n’est pas forcément fait consciemment.” Cette définition vient du texte “Quelle culture féministe voulons-nous ? Pour un nouveau Code féministe” de Leila.
2-Réflexions
La différence entre récit et version :
Lorsqu’on est dans le cas d’un conflit, une intervenante, Leila, invite à privilégié le mot “récit” à celui de “version”. La version sous-entend l’idée qu’il n’y en a qu’une de bonne, et qu’il faut la trouver. Le récit laisse la possibilité qu’il cohabite avec d’autre à propos d’une même histoire. D’ailleurs à propos d’un scénario on dit que : “l’histoire est la suite ordonnée dans le temps (c’est-à-dire chronologique) de faits se rapportant à un même propos. Alors que le récit est la manière dont on raconte l’histoire. C’est-à-dire l’ordre arbitraire et spécifique dont on va rapporter les fait d’une même histoire.” (sources : “Savoir optimiser un scénario” de Richard Sidi)
La différence entre soutenir et cautionner :
La même intervenante, insiste sur la différence entre soutenir et cautionner. Soutenir les membres de la communauté est un acte d’accountabilité. C’est une prise de responsabilité collective d’une situation problématique. Une personne qui décide d’accompagner un.e agresseur·ses ne cautionne pas pour autant ses actes. Prendre en charge cet accompagnement est essentiel, notamment, lorsque le conflit est intracommunautaire. Gwenola Ricordeau dans “Pour Elles toutes, femmes contre la prison”, montre que les soutient de personne incarcérer sont en grande majorité des femmes. Dans tous les cas, le rôle se soutient est en grande majorité assurer par les femmes, dans les cas de conflit ou d’agression. Il est important de penser cette position autrement que comme de la complicité.
Les contours de la communauté :
Je précise avant ce chapitre, qu’il n’est pas évident pour moi d’affirmer que j’ai ma place au sein de la communauté dite Queer. Cela peut orienter mes réflexions, c’est à prendre en compte.
Si la communauté d’appartenance se fait sur des critères d’identités, sa solidité dépend de la stabilité des identités de ses membres. Or le féminisme comprend dans ses luttes celle contre l’essentialisation. La communauté doit donc pouvoir accueillir l’indéfinition ou la mouvance des identités.
Si la communauté d’appartenance se fait sur des valeurs, elle risque de devenir morale. Dans ce cas, que faire des personnes qui sont en dehors de nos valeurs, voir du côté du mal. Que faire des agresseur·ses? Mais aussi que faire des pensées qui sont à la frontière de ce qui est accepté ? Doit-on arrêter de traiter comme humain ce qui est au-delà de cette frontière ? Et où se situe cette frontière ? Quel sont les effets de la polarisation morale ?
Pour finir ce paragraphe, une citation, toujours de Leila, je crois :
“Faire des violeurs des monstres, n’est pas cohérent avec le fait que l’on démontre que le viol est généralisé”
3-Ce que ça m'ouvre sur mon travail
Au fur et à mesure du week-end (in)justice, d’atelier, de conférences et autres formations, mon attention se porte sur l’importance de la représentation des situations de conflit. Les positions de principes et autres recettes à appliquer dans telle ou telle situation ne fonctionnent pas. Les situations problématiques sont complexes. Pour prendre de bonnes décisions, nous avons besoin de prendre de la distance. Les intervenant·es nous invitent à trouver des outils qui permettent de mieux se représenter ces situations: multiplication des récits, cartes mentales, inviter une personne tier, cercles restauratifs, etc.
Les premières phrases de mon statement sont :“Je me mets au travail lorsqu’un sentiment intime d’injustice se met sur mon passage. Quand la situation est trop inextricable l’art, la fiction et la magie me permettent de changer la donne.” Le film, le fait de rejouer des conflits réels ou théoriques me semble être des outils de représentation intéressants. De plus, la fiction ouvre le champ des possibles, elle multiplie les issues des conflits.
Je me mets à imaginer, quelle serai l’issue d’un film dont un personnage défendant une position pro-sexe et un autre une position swerf (Sex Worker Exclusionary Radical Feminist), ils ou elles se rencontrent et parlent ? Que se passerait-il si un.e acteurices défendant une position pro-sexe incarne un personnage Swerf ou l’inverse ? Que donnerait un cercle restauratif fictif avec de tels personnages ? Affaire à suivre.
Je cherche une résidence pour poursuivre ces réflexions et formes. :)
Sources :
-Collectif Fracas https://www.facebook.com/Collectif-Fracas-107675124133856
-Quelle culture féministe voulons-nous ? Pour un nouveau Code féministe - Leila
https://medium.com/@leilla/quelle-culture-f%C3%A9ministe-voulons-nous-102141a63830
-Accounting for ourselves https://infokiosques.net/spip.php?article1545#:~:text=Sortir%20de%20l'impasse%20autour,des%20processus%20pour%20que%20chacun.
-Le conflit n’est pas une agression - Sarah Shulman
-Pour elles toutes - Gwenola Ricordeau
-https://www.abolirlapolice.org/AllerPlusLoin/allerPlusLoin
-Savoir optimiser un scénario - Richard Sidi